Les chiffres sont là, implacables : en 2019, l’amendement 2281, la fameuse « Loi Lagleize », a fait son apparition en commission à l’Assemblée nationale, proposant un bouleversement discret, mais retentissant, dans l’univers de la propriété immobilière. Contrairement à ce que la rumeur laisse entendre, aucune mesure ne viendra, à partir de 2025, interdire formellement aux Français de devenir pleinement propriétaires de leur logement. Les nouveaux mécanismes de dissociation entre le terrain et le bâti ne remplacent pas le modèle classique : ils s’ajoutent, cohabitent, mais ne suppriment rien. Le droit à la pleine propriété demeure intact, protégé.
Sur le terrain, les collectivités locales disposeront d’une palette d’outils : notamment les offices fonciers solidaires, pensés pour élargir l’accès à la propriété à certains ménages, là où le marché se tend. Ces dispositifs ne concerneront qu’une fraction du parc immobilier, chaque territoire fixant ses propres règles d’application. L’immense majorité des logements ne sera pas concernée par la dissociation.
Plan de l'article
Propriété immobilière après 2025 : démêler le vrai du faux
Derrière la vague d’angoisse qui secoue les réseaux sociaux, la pleine propriété reste un pilier du droit français. Depuis que la proposition de loi Lagleize a surgi dans l’actualité, les vidéos alarmistes pullulent : elles prédisent, à tort, une expropriation généralisée dès 2025. Le terrain de la peur est fertile : défiance envers les institutions, complexité des textes… Pourtant, la loi Lagleize n’a pas franchi le cap du vote, et rien ne la rend applicable à l’horizon 2025. Les discussions à l’Assemblée nationale entretiennent le flou, mais aucun texte ne supprime la possibilité de devenir propriétaire à 100 % de son logement.
Le droit de propriété, verrouillé par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, bénéficie d’une protection de haut niveau. Le secouer exigerait de revoir les fondations de notre République. Beaucoup confondent la dissociation foncier/bâti, expérimentée dans certains territoires, avec la disparition pure et simple de la pleine propriété. Or, la portée de la proposition Lagleize reste limitée : elle vise à tester des outils pour ouvrir la propriété à plus de ménages, pas à en priver la population.
Dans la réalité, la pleine propriété demeure la règle pour la grande majorité des ventes immobilières. Les alternatives comme le bail réel solidaire, portées par des organismes de foncier solidaire, s’appliquent à une minorité de cas, encadrés par des critères sociaux bien précis. Dans les métropoles où la crise du logement sévit, ces dispositifs émergent pour répondre à la spéculation foncière, mais le modèle classique reste bien vivant. Être propriétaire à 100 % de son logement conserve sa valeur juridique, symbolique, et économique : il ne s’agit pas d’un privilège réservé à quelques rares élus après 2025, mais d’un droit ouvert à tous, dans le respect des textes en vigueur.
Ce que prévoit réellement la loi Lagleize pour les acheteurs
La proposition Lagleize, portée par Jean-Luc Lagleize, s’attaque à la question du foncier, ce levier qui fait grimper les prix des logements. Pas question de supprimer la pleine propriété, ni de forcer quiconque à changer de modèle : le texte propose des alternatives, non des obligations. Objectif : faciliter l’accès à la propriété dans les zones où le foncier devient inabordable.
Au cœur de la démarche : la séparation entre le terrain et le bâti. L’acheteur deviendrait propriétaire des murs, tandis qu’un organisme public, une collectivité ou une structure dédiée resterait propriétaire du sol. Cette approche, inspirée des baux réels solidaires, vise en priorité les zones urbaines où la flambée des prix écarte les classes moyennes du marché. Le prix d’achat baisse mécaniquement, le poids de la spéculation foncière s’allège.
Principes de la dissociation foncier/bâti
Voici les points clés du fonctionnement de ce système :
- L’acquisition du logement reste possible, même lorsque le prix du terrain explose.
- Le terrain appartient à une entité tierce : État, collectivité ou organisme dédié.
- L’acheteur détient un droit réel sur le bâti, transmissible dans certaines conditions.
À ce jour, la loi Lagleize n’a pas été adoptée. Elle n’impose rien à grande échelle : elle propose un outil supplémentaire, sans supprimer la formule traditionnelle. Les acheteurs gardent la liberté de choisir la solution qui colle le mieux à leur situation et au contexte local.
Peut-on encore devenir 100 % propriétaire de son logement dans les années à venir ?
La pleine propriété, autrement dit la possession du sol et du bâti, reste parfaitement légale et accessible en France, y compris après 2025. Les textes fondamentaux, au premier rang desquels la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, protègent le droit de propriété. Aucun projet de loi, pas même la proposition Lagleize, ne prévoit d’interdire d’acheter son logement en pleine propriété. Les discours alarmistes sur une fin programmée du droit de propriété tiennent davantage du fantasme que de l’analyse sérieuse.
Cela dit, le contexte change dans certaines zones. Là où le foncier s’envole, la pleine propriété devient moins accessible. C’est dans ces territoires que des formules comme le bail réel solidaire, mis en place par des organismes de foncier solidaire, prennent leur essor. Ce système permet d’acheter le bâti tout en louant le terrain sur le long terme. Pour l’acheteur, c’est une porte d’entrée vers la propriété, même si la transmission du patrimoine s’en trouve modifiée et la revente encadrée, limitant la spéculation.
Selon les situations, la réalité diffère :
- Dans les secteurs où les prix restent stables, la pleine propriété demeure la norme pour acheter sa résidence principale.
- Dans les grandes villes, les offres en bail réel solidaire se développent, mais n’évinceraient pas le modèle classique.
En cas de dissociation foncier/bâti, seuls les droits sur le logement se transmettent aux héritiers, le terrain restant la propriété de l’organisme. Hors des zones les plus tendues, la pleine propriété reste une perspective concrète, accessible à de nombreux ménages.
Panorama des alternatives à la propriété classique et leurs implications concrètes
Le bail réel solidaire (BRS), introduit par la loi ALUR puis renforcé par la loi ELAN, a trouvé sa place dans le paysage immobilier. Il permet d’acquérir le bâti d’un logement, tout en laissant le terrain à un organisme de foncier solidaire. Ce dispositif, réservé aux ménages sous condition de ressources, rend l’achat plus abordable : le prix d’acquisition baisse, la revente est strictement encadrée, et le nouvel acquéreur doit remplir les mêmes critères. Ici, la pleine propriété s’efface au profit d’un partage du foncier, conçu pour répondre à la pression immobilière dans les grandes agglomérations.
D’autres parcours existent pour accéder à la propriété. Par exemple, le prêt social location-accession (PSLA) permet de louer un logement neuf, puis de l’acheter à un tarif préférentiel. Cette formule, courante dans le secteur social, accompagne les ménages modestes vers la propriété étape par étape. De son côté, le prêt à taux zéro (PTZ) continue de soutenir l’accession en finançant une partie de l’achat sans intérêts, sous réserve de respecter des plafonds de revenus.
Les bailleurs sociaux, aidés par Action Logement, peuvent également vendre certains logements à leurs occupants, dans des conditions encadrées par la loi ELAN. Ce mécanisme élargit l’accès à la propriété dans le parc social, à des prix maîtrisés. Il faut cependant tenir compte des charges supplémentaires : taxe foncière, droits d’enregistrement, qui peuvent peser dans le budget. Au fond, le marché s’adapte, les dispositifs se diversifient, et chaque profil peut trouver la solution qui lui correspond.
Le débat sur la pleine propriété ne se referme pas : il se réinvente. Demain, devenir propriétaire ne signifiera peut-être plus tout à fait la même chose qu’hier. Mais la porte ne se ferme pas, elle pivote, et chacun garde la clé de son propre projet immobilier.



